Source: Foulées du Gois : trente hommes et une course contre la mer
Outre un coefficient de 60 pour la marée et un vent fort sur l’océan, le Belge Frédéric Desmedt aura fort à faire pour remporter une septième victoire sur le passage du Gois. Dans la Course contre la Mer, son expérience sera un atout, mais le plateau est relevé, cette année.
Contre la mer, dimanche, aucun risque ne sera pris par l’organisation. Pas question de revivre le scénario de l’édition 2003 qui avait vu l’épique « épopée » et victoire de Jean-Michel Coutant : 30’31 pour 4 km, alors que le record de Frédéric Desmedt est de 11’47 (2007). « C’est une course dans l’eau et non une marche, précise Jean-Pierre Lévêque, le MC du plateau. Nous avons donc pris toutes les précautions. Serge Morisseau, le starter fédéral, aura trois cibistes qui vont surveiller l’eau : au départ, au milieu du Gois et à l’arrivée. Le seul problème, c’est que l’on ne maîtrise pas le vent et c’est lui qui accélère la marée… Il faudra donc être vigilant et ne pas donner le départ trop tard. » Frédéric Desmedt peut en témoigner… Le Belge, six fois vainqueur, était sur le Passage du Gois, jeudi, en fin d’après-midi. « J’ai voulu faire un kilomètre dans l’eau, au départ de l’Île, raconte Frédéric. Je me suis laissé emporter par ma fougue et j’en ai fait deux. J’ai fait demi-tour, mais trop tard et j’ai eu des crampes… L’eau est montée très vite, 5 mètres par minute, et j’en ai eu jusqu’au torse. Elle était au niveau des épaules (il mesure 1,87 m, ndlr), lorsque je me suis réfugié sur une balise à cage… Les secours sont venus me chercher. » Et de préciser : « L’an passé, à marée haute, il y avait 3,80 m sur le Gois (coef. 30). Dimanche, il y aura 5 mètres… »
« Des yeux comme des libellules… »
Il n’y aura pas que le niveau de l’eau qui sera élevé, dimanche. « Le niveau de compétition a aussi monté », explique Jean-Pierre Lévêque. Est-ce qu’un Africain de l’Est va, enfin, l’emporter ? Le dernier succès du Burundais Jean-Paul Gahimbaré remonte à 1998. Ce sont d’ailleurs deux de ses compatriotes qui sont appelés à lui succéder : Onesphore Nkuzimana (13’20 sur 5 000 m) et Abraham Niyonkuru (13’30 sur 5 000 m). Coté Europe, le Modalve Sergei Krovladis (2e en 2011) et le Russe Evgeny Cheretanov (3’43 sur 1 500 m) sont annoncés. « Avec l’expérience de l’an passé, Krovladis peut gagner », précise le sextuple vainqueur de l’épreuve. Les Français Anthony Guillard, le tenant du titre, et Phillippe Paillat, lauréat en 2009 et 2010, vont également bénéficier de cette « expérience ». Dans leurs foulées, ils devraient emmener Freddy Guimard, le meilleur ligérien dans la boue, et Antoine De Wilde. « Mais courir dans l’eau, c’est différent, explique Frédéric, recordman du 4 000 m du Gois (11’47). La mer va monter très vite et ce sera un avantage pour moi (2e en 2010 et 3e l’an passé) et Omar (Bekkali, 1er en 2008). Nous avons l’habitude de courir dans ces conditions. En pleine mer, beaucoup de coureurs vont avoir des yeux comme des libellules. Il ne faudra pas s’arracher de l’océan, mais épouser la mer… » Avec 13 participations et plus de 30 traversées à l’entraînement, Frédéric Desmedt totalise plus de 135 km sur le Passage du Gois, recouvert d’eau. S’il dit qu’il faudra « épouser la mer », il sera donc inutile de chercher des sirènes sous les pavés…
Frédéric Desmedt (99, 02, 04, 05, 06, 07), Omar Bekkali (08), Philippe Paillat (09 et 10) et Anthony Guillard (12) seront présents, ce dimanche, sur le Passage du Gois. En clair, hormis Jean-Michel Coutant (01 et 03), tous les vainqueurs de la dernière décennie. À 40 ans, le Belge sait que « c’est l’année ou jamais », pour remporter un septième titre. Car les conditions attendues (coefficient de 60, vent fort et montée rapide de la marée) sont pour l’avantager. « Je n’ai plus ma vitesse d’autrefois, mais je suis plus rapide que l’an passé, tout en ayant travaillé le foncier, explique Frédéric. Je suis aussi plus léger (77 au lieu de 82 kg, ndlr). Et comme il va y avoir beaucoup d’eau, j’aurai aussi l’avantage de savoir courir. Non pas contre la mer, mais en l’épousant… » Actuellement, Frédéric Desmedt estime sa vitesse à 4’sur 1 500 m et 15’sur 5 000 m. Loin de ses records d’autrefois : 3’39’’87 et 14’14’’61.
« La course est à chaque fois différente… »
Des allures qui ne font pas peur à Anthony Guillard, qui va remettre son titre à la mer. Le Loulaysien est moins rapide que l’an passé sur 5 000 m (14’23’’63 contre 14’04’’41)), mais sa forme est sur le retour. « Avec les Mondiaux universitaires de cross, je n’ai pas trop coupé, la saison sur piste est arrivée très vite et j’ai basculé dans la fatigue, confie Anthony. Mes performances sont moyennes, mais avec 14’23, je peux être devant avec les meilleurs. La mer nivelle les valeurs et j’ai plus de fraîcheur… Courir avec des athlètes de très haut niveau, c’est ce qui est génial dans cette course. » Anthony sera l’homme à battre et le coureur à suivre, dans les flots du Gois. « Je l’ai traversé il y a 15 jours, dans les conditions de course. Thalassa prépare un reportage sur le Gois au travers des Foulées et on m’a demandé de présenter l’épreuve, explique le lauréat 2011. À ce sujet, je vais peut-être courir en immergé, avec des lunettes-caméra pour faire vivre la course de l’intérieur. J’ai pu me rendre compte qu’il y aura beaucoup plus d’eau que l’an passé et le vent risque de balayer le Passage. Mais cela fait partie de la course. Le parcours reste le même, mais la course est à chaque fois différente. »
> Programme : À partir de 13 h 30 : courses enfants (350 engagés). 15 h 30 : 8 km hommes (800 engagés). 16 h 30 : 8 km femmes (400 engagés). 18 h 45 : Course contre la Mer (30 coureurs invités).